On a marché sur Hubert (3/3)
Un trou ! Pas dans ma moumoute, non, dans la roche. Après la crotte, c’était la grotte ! Une lettre seulement différait, mais elle avait une lourde conséquence. Nous avions trouvé le refuge probable de notre mystérieux profanateur. Délicatement nous entrâmes dans l’antre du démon…
Alors que nous avions fait quelques pas timides dans l’obscur lieu, nous entendîmes comme un grognement sourd. « Il y a de l’orage ? » dis-je. « C’est étrange le temps était au beau fixe il y a encore 5 minutes. De plus je n’ai pas de rhumatismes. » Jean-Guy relativisa en disant que c’était peut-être un avion, qui étaient nombreux à survoler la région. Quand nous aperçûmes deux billes rondes devant nous, nous comprîmes vite que ce n’était ni l’un ni l’autre.
Non nous ne sommes point partis en courant ! Non nous ne nous sommes pas jetés du haut de la grotte de peur de se faire rattraper par l’ours ! Pourquoi ? Pour la simple et excellente raison que Jean-Guy et moi-même vîmes rapidement que l’animal était inoffensif et amical. Jean-Guy fit vite le rapprochement avec l’ours apprivoisé qui s’était échappé du cirque Balthazar, qui lui-même s’était produit au village la semaine précédente. D’un seul coup d’un seul, mon sang ne fit qu’un tour et ma moumoute frétilla. « Où se tenait le chapiteau ? » lançai-je à la manière d’un reporter qui connaissait déjà la réponse à son interrogation malicieuse. Jean-Guy me répondit « Bon sang ! Près de l’abbaye ! ». L’affaire était résolue. L’ours s’était échappé par inadvertance. Perdu dans ce village perdu, il était entré dans l’abbaye où, surpris par le lieu, il profanait la tombe du pauvre Hubert avant de s’enfuir loin du village et de trouver refuge ici. Il ne restait plus qu’à pardonner son geste à cette pauvre bête et à appeler les autorités pour qu’elles viennent le récupérer.
2 heures plus tard, le temps de saluer l’Ours, de redescendre, de déposer Bouloche chez le père Firmin et de rentrer chez Jean-Guy, nous appelions l’équipe du cirque Balthazar.
2 heures plus tard, après avoir appris la venue d’une équipe du cirque dès le lendemain matin, nous nous couchions, éreintés par cette éreintante journée.
« Cocoricooooooo ! Cocoricooooooo ! » Le chant du coq nous réveilla le lendemain matin. Nous étions de fort bonne humeur grâce à notre découverte de la veille. La profanation n’était pas volontaire et Jean-Guy était soulagé. A 8h10 pétantes, un camion du cirque Balthazar klaxonnait devant notre demeure. Nous terminâmes à la hâte notre verveine « 4 saisons » afin de conduire le chauffeur à la grotte.
Bernard, le chauffeur, n’en était pas à sa première récupération d’ours. Il réussit sans problème à ramener le vieux fauve profanateur dans sa cage. Il était temps pour lui de retourner amuser les bambins de tout coin, et pour moi de rentrer sur Paris. Bernard, qui emmenait l’ours jusqu’à Dunkerque, lieu où se trouvait le cirque à ce moment là, accepta de me déposer au passage. Je saluai Jean-Guy, récupérai ma valise et nous partîmes.
J’avais une nouvelle fois résolu une énigme corsée, qui m’avait permis de renouer avec l’escalade et la compagnie des animaux, Bouloche et l’ours s’étant avérés très attachants, même si au retour ce dernier était plutôt très attaché.
Le lendemain j’étais, comme si de rien n’était, de retour à la faculté où mes étudiants étaient tout heureux de m’entendre parler des intellectuels catholiques partouzeurs de gauche dans l’entre-deux-guerres…
FIN.