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Riton Lacapuche, Historien moderne !
24 juillet 2007

Petit journal en stock (1/2)

Cette gigantesque histoire de petit journal débuta par une journée bien terne. L’intellectuel contemporain que j’étais (et que je suis toujours, fort heureusement), s’ennuyait ferme. Pas de conférences en vue, pas de colloques à l’horizon, pas d’ami au portillon. Ce mal intérieur qui me rongeait les omoplates et l’intellect, et qui persistait depuis un petit moment n’était a priori pas conçu pour arranger cette situation désespérée.
C’est alors que me vint une idée lumineuse, géniale, sensationnelle, en toute modestie bien sûr (cela va sans dire). Je décidai pour remonter la pendule de mon moral, de chercher chaussure à mon pied et de roucouler gaiement. Comprenez par là que me venait l’envie soudaine de rompre ma solitude et de chercher l’amour, et non pas la Moore, que je laisse volontiers à Roger.

Ma beauté naturelle n’ayant pas d’égal, je n’étais pas sûr cependant qu’elle suffise à combler d’éventuelles prétendantes.
C’est pourquoi j’optais pour la facilité d’esprit (une fois n’est pas coutume) en consultant un annuaire téléphonique. Après avoir farfouillé mille secondes trois quart ce foisonnement de combinaisons chiffrées, je ne trouvai rien de ce que j’avais envisagé. Nulle rubrique « Fille de joie », aucune catégorie « Détente charnelle », encore moins de « Femme allouée à vendre ».
Désappointé et bien décidé à téléphoner, enfin à verbaliser la dernière syllabe de téléphonique, j’eus soudain la réminiscence de conseils avisés à ce sujet dans un ancien numéro de la revue pour les masses du 19ème siècle, que je collectionnais honteusement.

Le Petit Journal, comme on l’appelait, outre les romans feuilletons et autres enquêtes policières de renom, offrait également à son lecteur des conseils pratiques. De mémoire, et non sans avoir consulté mon index personnel pour simple vérification, je savais qu’une rubrique du numéro 471 du 26 novembre 1899 abordait globalement la question posée.
Aussitôt la référence en tête, j’appelais mon voisin pompier afin de lui emprunter une grande échelle. Les numéros du petit journal se trouvaient en effet tout en haut d’une longue pile formée par moult numéros de diverses revues historiquement essentielles, à savoir L’épatant, La semaine de Suzette ou encore Hop-là.
Après avoir frôlé la chute 3 fois, je mis la main sur le numéro tant espéré. Revenu dans ma salle de lecture, je partais à la conquête de la page 24, contenant la fameuse rubrique.
C’est à ce moment là que je me permis de citer la célèbre chansonnette dite Salsa du Démon en laissant échapper un « Horreur, malheur ! ». Les numéros que je possédais n’étaient pas de première jeunesse, et malgré tout le soin que j’y apportais, il manquait parfois quelques pages, détachées par le temps. Inutile de vous préciser (mais je le fais quand même, au cas où) que la partie m’intéressant était absente. J’allais devoir endosser mon parka bleu (à poils de biches sur le col) et partir chez les bouquinistes à la recherche de la rubrique perdue.
Mon excitation à l’idée de retrouver cette rubrique, et seulement à cette idée là, me fit perdre mon sens renommé de l’orientation. Je demandais le chemin de la bouquinerie de Jules Poussière à un manant quand celui-ci me répondit : « Va donc te faire voir chez les Grecs, si j’y suis. Et rachète de la colle, ta moumoute se décolle ! ». Effaré devant tant de bassesse, mais avec l’aplomb de l’indifférence, je partis en le dévisageant.
C’est vrai ! Je n’avais aucune envie de me rendre dans la bouquinerie de Bernard Légrec, qui était réputé pour sa fourberie au niveau des prix !

Le vieux Jules Poussière me salua avec toute l’affection qu’il avait pour moi. « Holà, Nino Riton ! » dit-il. Il avait en effet l’âge d’être mon grand-père, et ma fréquentation assidue de son établissement culturel pouvait lui permettre ses familiarités. Il me dénicha sans problèmes le fameux numéro 471, et, voyant qu’il était bien complet, j’eus envie de dire « Youpi ! » mais je me contentai d’un « Chic ! » de bon aloi. Je payai l’ami Poussière d’un billet de 20 francs (environ 3 euros pour les plus jeunes) et je prenais congé, fier de cette bonne affaire.

A suivre...

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Commentaires
M
« Va donc te faire voir chez les Grecs, si j’y suis. Et rachète de la colle, ta moumoute se décolle ! ». >>> une future réplique d'anthologie mon cher Lacapuche ! ;o)<br /> <br /> Mais quelle est donc la rubrique tant espérée et si bien cachée tout en haut du grenier ?<br /> Quels articles tendancieux vantant les mérites de bas de soie et autre objets féminins seront dévoilés ??? <br /> <br /> L'attente va être insoutenable ^^
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Riton Lacapuche, Historien moderne !
  • Riton Lacapuche, enseignant-chercheur réputé dans le monde entier, n’a pas son pareil pour résoudre un mystère ! Super-héros intellectuel, souvent incompris mais efficace dans l’action, il sait aussi travailler de temps en temps !
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