Riton en Amérique (1/3)
Aaaaaaaaaaah ! L’Amérique ! Que de souvenirs ! Mon voyage aux Amériques restera à jamais gravé dans la pierre incluse dans la cervelle qui est présente dans ma tête. Cette anecdote aurait d’ailleurs dû s’intituler « Riton aux Amériques » mais c’était faire fi de mon hommage rendu à une oeuvre célèbre dans le choix des titres. Un hommage caché dont je ne me cache pas !
Alors que je mangeais du comté, en attendant un coup de fil d’un ami comte sur lequel je pouvais compter, je me souvins de cette histoire et décidai de vous la conter.
C’était un dimanche, je m’en souviens comme si c’était hier. L’année par contre, m’avait échappé… j’étais seulement sûr que ce n’était pas la même qu’hier, c’était déjà bien. Je me gondolais devant les ignominies racontées par les journalistes de Téléfoot, l’émission sportive et footballistique de la première chaîne. Je n’étais pas masochiste mais j’aimais le rire, et je l’aime encore aujourd’hui. Soudain le téléphone interrompait ce grand moment, alors que le Red Star venait de marquer un but contre le Racing.
« Ptouc…allo ? » fis-je. Une voix étrangère me répondit. « Yeah allow ché souis bien ché mister lacapiouuuche ? ». « Yes, œuf corse ! » répondis-je, fier de mon accent british. C’était une période faste pour le jeune professeur que j’étais alors. Ma thèse, sur les relations franco états-uniennes dans le commerce du fromage de chèvre dans l’entre-deux-guerres, intéressait beaucoup de monde et ce malgré les résultats moyens de ces échanges. L’homme que j’avais au téléphone s’appelait Frank Cheese et semblait très intéressé par mon propos. Cet homme m’avait tout l’air d’être doté d’une sympathique franchise, sans vouloir faire de jeu de mot pestilentiel avec son patronyme. J’acceptais donc volontiers de le rencontrer, d’autant que ce dernier me proposait un séjour dans sa villa d’Hollywood, le tout à ses frais. Il m’enverrait les billets rapidement grâce à l’Aéropostale. Tout heureux, je lui disais merci (« tank you ») à bientôt (« sé you sonne ») et au revoir (« god baille »). Ce charmant individu, héritier de la seule firme de fromages de chèvre français fonctionnant encore aux Amériques, remplissait mon cœur de joie. Les vacances scolaires arrivaient dans peu de temps, et mes travaux de recherches pouvaient bien patienter un petit peu. L’avantage de l’Histoire, c’est qu’en général les sources peuvent attendre.
Deux semaines, trois jours et deux heures vingt-cinq minutes plus tard - j’avais chronométré - mes billets arrivèrent. Mon futur hôte m’avait comblé, il m’offrait un voyage de luxe sur le France. Cela ne valait pas le Normandie, chef d’œuvre de l’Art déco des années 1920, mais c’était gentil quand même ! Le lendemain j’embarquai au Havre, en direction de New York…