Le spectre de l'autocar (2/3)
Une fois mes excuses faites pour ce léger
retard, nous prîmes le départ en direction de l’église Sainte Hétyseur
qui nous intéressait tant.
Nous voyagions en autocar, moyen de
locomotion bien utile pour emmener une trentaine de personnes. De plus,
sur l’ensemble des voyageurs à la moyenne d’âge proche de celle des
rentiers de la côte d’azur, les trois quarts demanderaient à aller à la
selle, à ne pas confondre avec le petit village berrichon de La Celle.
Les toilettes intégrées étaient donc bienvenues, à condition que les
personnes aient le temps de s’y rendre, ce qui n’était pas gagné
d’avance, mais imprévisible pour les organisateurs.
Le reste de
l’expédition était composé d’un médecin et de deux sapeurs-pompiers,
pour pallier* aux accidents cardio-vasculaires qui risquaient de
perturber le voyage. Les sapeurs-pompiers pouvaient aussi éteindre un
incendie en cas d’accident de la route, même si la tâche eût été
délicate car ils n’avaient pas amené de lance à incendie. Avec le
recul, je suis soulagé que rien ne soit arrivé. Pour finir, Lulu et moi
complétions ce joyeux tableau, en guides expérimentés que nous étions.
Et puis il y avait le chauffeur bien entendu, mais est-ce utile de le
préciser ?
L’aller se déroula très bien car les anciens de la
faculté ne s’étaient pas réunis depuis un petit moment. Ils passèrent
donc leur temps à discuter joyeusement… du temps, de la politique
locale et de leur jeune temps. Que des thèmes passionnants, vous en
conviendrez avec moi, même si j’eus préféré qu’on m’interroge sur mes
fonctions à la faculté.
Nous arrivâmes à l’heure du déjeuner devant la magnifique église Sainte Hétyseur.
Lulu
et le chauffeur sortirent les grandes glacières de la soute et nous
nous installâmes tous dans le parc voisin. Le repas était basique :
chips, rôti cuit, jambon et fromage. Cela ne cassait évidemment pas
trois pattes à un canard mais c’était tout de même meilleur que le
restaurant universitaire, qui lui ne cassait aucune patte à un canard.
La
bière et le vin rouge qui complétaient ce « piqueu-niqueu » permirent
néanmoins à l’assistance de se consoler de ce léger repas. D’ailleurs
avant la visite, tout le monde s’allongea dans l’herbe et y alla de sa
petite sieste. La météo s’était comme à l’accoutumée trompée, et mon
chapeau ornait donc fièrement mon crâne de paille flambant neuf, enfin
l'inverse.
Trois heures plus tard - le vieillard est sourd
donc ne se réveille pas rapidement - tout le monde était debout, à
commencer par Jean-Jacques, le doyen de la bande. Après le traditionnel
verre d’eau du réveil pour ne pas se déshydrater, à ne pas confondre
avec celui du dentier, tout le monde entra dans l’église.
Sainte
Hétyseur portait bien son nom puisque l’après-midi était musicale.
D’une part car un des anciens de l’université s’appelait Guy Tare.
D’autre part parce qu’une cassette audio tournait en effet en boucle
dans l’édifice, rythmant le lieu d’un petit air d’orgue endiablé…
endiviné pardon ! Mille excuses au grand patron !
L’ensemble des
voyageurs s’émerveilla devant l’architecture du lieu et surtout en
écoutant mes commentaires éclairants. Quelle joie pour eux d’apprendre
qu’une messe avait été célébrée pour un personnage local (que j’étais
le seul à connaître) en 1922, un douze septembre à 20h! J’étais fier de
pouvoir leur apporter de tels renseignements. Bizarrement cela dit, ils
semblaient davantage d’intéresser aux détails de la construction donnés
par Lulu, chose étrange qui me faisait jalouser le formidable superbe
génial passionnant captivant Jules Huberlu.
A suivre...
*L'Académie Française réfute l'emploi d'un COI après "pallier" mais je suis rebelle dans l'âme.