Le temple des saints (3/4)
-C’est mon père… enfin c’était ! Il nous a quitté depuis trois ans. Mais… ne me dîtes pas que vous l’avez lu !
-Si vous voulez parler de l’ouvrage de Jacques Venezuela, alors je vous réponds que oui.
-Extraordinaire ! Depuis le temps que mon père attendait ça… êtes-vous prêt pour un long voyage ?
-C’est loin ?
-Le Venezuela…
-Ah ! C’est pas le Pérou, ça !
-Bah non, c’est le Venezuela…
-Je
dois juste prévenir l’université qu’un voyage est nécessaire pour mes
recherches, ce prétexte devrait faire l’affaire. Quand partons-nous ?
-Le
plus tôt possible ! Je m’occupe des billets d’avion. Je prends votre
numéro dans l’annuaire et je vous appelle dès que je les ai.
-Heu… entendu. Et… heu… vous m’expliquerez de quoi il s’agit avant la Noël ?
-Oui, bien sûr ! Cela devrait égayer un passionné comme vous semblez l’être. Vous saurez tout pendant le voyage. A bientôt !
-A bientôt ! Bonsoir Monsieur.
Quelle
histoire ! Je n’aurais jamais imaginé avoir une conversation pareille
avec un amuseur local. Je ne savais rien de ce qui m’attendait mais peu
importe, tout semblait me promettre de vivre une aventure
extraordinaire. De quoi briser la routine de l’université, et
satisfaire mon goût pour les mystères en tout genre. Pour le coup
j’étais gâté !
Une semaine plus tard, j’avais un appel de Miguel Lama qui m’attendrait à l’aéroport le surlendemain matin !
Le
jour J, je débarquais à l’aéroport avec ma moumoute et ma valise, le
tout pour embarquer. Miguel m’attendait patiemment, cigarette au bec.
Il avait réservé deux billets en première classe, son père lui ayant
laissé un budget conséquent pour accomplir sa fameuse mission.
C’est donc confortablement installé que j’allais pouvoir écouter Miguel me raconter le but de notre voyage.
Tout
d’abord, il s’excusa de ne pas m’avoir mis au courant plus tôt de ce
qui m’attendait, en prétextant qu’il s’agissait d’une précaution pour
que je ne le révèle à personne. Déçu d’être comparé à un rapporteur
puéril, je comprenais néanmoins cette attitude.
Il commença donc à
me révéler une part de ce mystère qui m’avait tenu éveillé la nuit
durant plus de 7 jours. J’apprenais que Jacques Venezuela n’était en
fait qu’un pseudonyme. Venezuela était le pays d’origine du prêtre, qui
n’était autre que… Gilberto Lama ! Le père de Pedro ! Au fur et à
mesure que je l’écoutais, je sentais bien que le caractère colérique de
Miguel n’était qu’une carapace destinée à cacher ses secrets. Un fort
émoi le gagnait en évoquant son grand papa et son action.
Son
grand-père se faisait donc appeler mon père et chantait plusieurs notre
père par jour, il croyait donc fermement à Dieu le Père. Il n’avait
donc pas vécu la séparation de l’Eglise et de l’Etat comme une bonne
chose. Pis que cela, les biens de l’Eglise devenaient biens de l’Etat,
si bien qu’il savait que des agents de la République entreraient
profaner sa belle église. Cet épisode des « inventaires » donna
d’ailleurs lieu à moult incidents dans le pays français, c’était la
remarque pertinente du spécialiste de l’Histoire. Bref, il ne pouvait
supporter qu’on touche à certains trésors de son église, et notamment
de précieuses reliques concernant Saint Agur, Saint Emilion et Saint
Pourçain. Il profita donc d’un voyage dans son pays d’origine pour
cacher ses objets dans un temple, connu de lui seul, car abandonné et
oublié dans un endroit désert de la forêt amazonienne. Un endroit qu’il
avait découvert en allant jouer lorsqu’il était tout petit. Il est
cependant insensé de croire à un temple originellement inca ou aztèque,
ces deux peuples n’ayant pas touché cette partie de l’Amérique du Sud.
Il devait donc être le fruit du travail d’un peuple indigène, oublié
après l’arrivée des espagnols. C’était la deuxième remarque pertinente
du spécialiste de l’Histoire.
Une fois remis de ces explications passionnantes et excitantes, je comprenais tout de suite l’intérêt de cette mission…
A suivre...