Les 7 boules de Noël
La place Herchi brillait de mille feux dans la nuit étoilée. Les enfants rêvaient en pensant aux cadeaux qu’ils recevraient le lendemain matin, au pied du sapin. Il neigeait sur le lac Majeur, et Jacques Balutin maltraitait un petit lutin, qui n’était autre que son nain de jardin.
En écartant la dernière phrase, le doute n’est pas permis. Nous sommes dans les bons mots et émotions joyeuses qui content la Noël. La féerie annuelle est de retour parmi nous ! Elle s’empare des cœurs tendres et même de certains durs, qui lâchent un temps leur férocité pour plonger dans la magie de la période.
Alors qu’en temps normal, je n’ai que faire de ces calembredaines de société, je dois bien avouer que je fais partie de ces « peu enclin à la gaieté » qui se transforment en « petits enfants rêveurs » au moment de décorer la maisonnée.
Il était une fois un petit Riton, dans les années 1960. Il attendait, avec l’impatience de l’allumette suédoise, que son soulier se remplisse d’une orange. Et il était heureux, si heureux qu’il pleurait de joie le fait accompli. Et il mangeait, il mangeait, la bonne orange au goût de chaussette.
Il remerciait ensuite le Père Noël pour sa bonté, sa gentillesse et son amour des chérubins. Il appréciait que l’homme à la barbe blanche daigne s’arrêter dans toutes les chaumières, même chez les enfants moches.
Il appréciait le repas de Noël, avec sa dinde aux marrons et sa bûche délectable. Il n’en mangeait pas, non, mais il appréciait l’effet que le repas faisait sur sa famille. Tonton Philibert, notamment, semblait tellement raffoler de la bûche, qu’il sortait toujours du repas avec une gueule de bois.
Il était une fois un grand Riton, dans les années 2000. Il attendait, avec l’impatience d’un sac de bille en livre de poche, que le mois de décembre se profile. Il allait pouvoir se remémorer son enfance radieuse, illuminée de plein fouet par Noël chaque année.
Les douze derniers mois avaient été bien difficiles, une fois de plus. On s’était moqué de sa moumoute, de ses grosses lunettes et, plus récemment de manière honteuse, de son veston d’hiver en poils de biche.
Il avait alors décidé de prendre toutes les précautions possibles afin que Noël efface tous ces quolibets de sa mémoire, et qu’il retrouve l’âme fougueuse et fluette de sa jeunesse édulcorée.
C’est le cœur en fête qu’il s’en alla quêter sept boules pour décorer son beau sapin, roi des forêts.
Une boule rouge, pour symboliser l’accoutrement du père noël, tant aimé par les petits et les grands. Une boule orange, synonyme d’un souvenir enchanteur… celui de ses premiers cadeaux de Noël. Une boule jaune en hommage à tous les lutins de la planète, représentés par le fameux nain jaune. Une boule verte pour envoyer un signe fort à tous les martiens qui rêvent peut-être de nous rejoindre pour vivre ce moment de joie. Une boule bleue en hommage aux schtroumpfs, autres représentants de petites personnes, mais également pour rendre un cordial et loyal souvenir à la peur et au fromage d’auvergne. Une boule violette pour retomber en enfance et rejouer le temps d’un instant à « un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept… violette ! ». Aaaaah, enfance insouciante ! Sans oublier le clin d’œil à Maurice Viollette, le preux Ministre du Ravitaillement en 1917. Et puis une boule indigo, car il a toujours trouvé ce terme étonnant.
Avec ses 7 boules de Noël, Riton regroupait les couleurs de l’arc-en-ciel. Un signe fort pour oublier ses tracas et repartir de l’avant, comme le temps après la tempête. Joyeux Noël, chers lecteurs !
FIN.
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