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Riton Lacapuche, Historien moderne !
8 janvier 2008

Lille Noire (2/3)

Le train était bondé. Cela ne veut pas dire qu’il était rempli d’amateurs de James Bond, non. Il était tout simplement plein de monde. Cette fréquentation massive du transport ferroviaire en direction de Lille s’expliquait aisément car c’était le moment de la grande braderie, qui chaque année attire moult individus de tous pays, du Mozambique au Groenland en passant par le Tadjikistan.
Vous allez me dire que j’aurais pu choisir un autre moment pour me rendre sur place. Je vous répondrai de vous mêler de vos affaires. Et puis d’abord, j’ai déjà signalé que mon agenda était complet et que je n’avais guère le choix.

Le voyage se déroula sans histoires. A noter seulement une légère altercation avec le contrôleur qui ne reconnaissait pas mon visage sur ma carte de réduction pour seniors. J’avais à l’époque, il est vrai, dû prendre la photographie en urgence et je n’avais pas ma moumoute sous la main, et encore moins sous le pied. Il n’empêche que j’étais parfaitement reconnaissable et que je pestais contre ce sot qui annonçait tout fort : « Comment ça se fait-y que vous n’aviez pas de cheveux à l’époque de la photo quand elle a été prise là ? ». Quel imbécile ! Douter de mon honnêteté, c’était un comble ! Faire de telles fautes de grammaire en était un autre ! Avais-je une tête de fraudeur ? Non, ce qui ne m’avait pas empêché de frauder quand même en trafiquant mon âge, et ce afin de bénéficier des avantages des personnes âgées, qui ne méritent pas tant de privilèges (voir le spectre de l’autocar pour mes démêlés avec les grabataires). Toujours est-il que le contrôleur qui était davantage « con » que « trôleur » ne regardait pas au bon endroit et j’en étais fort aise.

Peu avant la descente du train, un homme s’approcha près de moi et me dit : « Kapitu Chanana, Sipalu Mouganga ». Je lui répondais « Crétos Nolobouc Vachila », tout heureux de constater que l’option « inuit » que j’avais prise au collège m’avait enfin été utile. Il me semblait que l’homme m’avait tout simplement demandé si on l’arrivait à la ville de la braderie. Et j’avais répondu « Oui mon bon monsieur ». Ce fut au final une fausse joie lorsque je vis des infirmiers courir après mon inuit. Ce n’était rien d’autre qu’un fou, je m’étais lamentablement fourvoyé.    

Je posais le pied sur le sol Lillois aux alentours de 11h30 ou 12h, je ne sais plus exactement. Tout ce que je sais, c’est que mon ventre criait famine, au moins autant que la population médiévale lors des grandes crises. Oui, l’historien d’excellent niveau se doit de connaître les boniments des périodes étrangères à la sienne.

Je filais donc en direction des archives en mangeant un somptueux panini chèvre, acheté à la buvette deux étoiles de la gare.

Le centre-ville était noir de monde, ce qui explique en partie le titre de l’anecdote. Les bradeurs y allaient à cœur joie et la marchandise ne manquait pas de diversité. En passant, je jetais un œil prêt à bondir sur le premier exemplaire du Petit Journal qui s’offrirait à ma vue. Malheureusement je n’en vis point mais je me consolais avec une splendide trouvaille, le numéro 22 du Super Picsou Géant, que je réservais à Fisseuton lors de notre prochaine rencontre (et que je comptais bien dévorer en cachette avant).

A suivre...

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Commentaires
C
Quelle chance à M. Riton de se retrouver à LA grande braderie ! Moi-même, grande chineuse devant l'Eternel, n'ai jamais eu la chance de pouvoir m'y rendre.
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Riton Lacapuche, Historien moderne !
  • Riton Lacapuche, enseignant-chercheur réputé dans le monde entier, n’a pas son pareil pour résoudre un mystère ! Super-héros intellectuel, souvent incompris mais efficace dans l’action, il sait aussi travailler de temps en temps !
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