Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Riton Lacapuche, Historien moderne !
14 janvier 2008

Lille Noire (3/3)

Dix minutes plus tard, « tant minutes laté » comme disent les anglais, présents en nombre parmi les visiteurs, je rentrais enfin dans le local des archives, avec le visage d’un roi Arthur qui aurait trouvé son graal. Un véritable graal, j’entends, pas de la camelote.

« Bonjour la maisonnée ! » dis-je, le cœur plein d’entrain et de joie non contenue. L’hôtesse d’accueil me répondit que je n’étais pas dans une maison mais aux archives. Elle me demanda dans la foulée mon veston et mon sac avant que je n’aille dans la salle de recherche, le tout sans un sourire. Bonjour l’ambiance ! Je lui expliquais qu’un « Bonjour l’archivée ! » n’aurait pas convenu et que maisonnée était plus approprié, même si j’étais conscient que ce n’était pas une maison. Après avoir justifié l’emploi d’une expression somme toute amicale, je laissais cette anarchiste dans sa tristesse quotidienne.

La salle des trésors m’attendait ! Aaaaaah, quelle excitation, quelle extraordinaire sensation ! C’est pour cette raison que le chercheur digne de ce nom s’engage dans la recherche historique. Pour se trouver dans cette salle, où on va lui amener de vieux journaux poussiéreux, de vieux registres poussiéreux, de vieilles boîtes poussiéreuses remplis de documents poussiéreux… c’est le nec plus ultra du métier !
Bien sûr, tout cela a perdu de son charme depuis que le crayon de bois est remplacé par l’ordinateur à porter et l’appareil à photographies numériques. Tout ce raffut à base de « tap » et de « clic » est un enfer pour les oreilles. Mais fort heureusement, de nombreux chercheurs persistent à perpétuer la tradition du crayon de papier. Quoi de plus extasiant qu’un crayon de bois qui casse sa mine et que l’on doit aller tailler au dessus de la poubelle ? Non non ne cherchez pas, il n’y a pas mieux ! Quant aux rigolades occasionnées par l’oubli d’une gomme, elles sont fort nombreuses !

Après cette digression mentale sur les traditions qui se perdent, je remplissais une petite fiche afin que l’on m’apporte le précieux sésame. Vingt minutes plus tard - saluons la rapidité des archivistes – on m’apportait un splendide carton, rempli de documents sur les clubs de football lillois durant la période 1900-1915.
Il manquait bien quelques informations, sans cela ce n’est pas drôle, mais je pus agrémenter mon dossier de pièces rares et de témoignages forts. Les idées nouvelles fusaient et je sentais déjà le best-seller pointer le bout de son nez.
Mon travail acharné terminé, je quittais le local après avoir récupéré mon veston et mon sac auprès de Madame la joie à l’accueil.

Alors que je retournais vers la gare, fourbu mais satisfait, un bruit énorme secoua le centre-ville. La foule paniqua un tantinet, et je faillis être piétiné.
Finalement, il y avait plus de peur que de mal. Des petits plaisantins avaient chargé un dirigeable de vieux charbon industriel de la grande époque et ils l’avaient fait exploser au dessus de la ville, pour noircir tous les visiteurs. Du moins c’est ce que je compris. Mes connaissances en physique-chimie ne me permirent pas de confirmer si oui ou non, la chose avait été possible. Toujours est-il que Lille n’était plus seulement noire de monde, ses rues l’étaient aussi. Quant aux visiteurs, ils étaient sales mais la plupart ria de bon cœur à cette blague lamentable, qui était tellement honteuse qu’elle en était risible. Seulement quelques-uns avaient mauvaise mine… de charbon, somme toute.

Tard dans la nuit, le train me ramenait chez moi. J’avais passé une agréable journée dans le Nord. Un Super Picsou Géant, de belles trouvailles aux archives, un amour retrouvé pour le crayon de bois… que pouvais-je demander de plus ?.. Comment ? Avoir une vie intéressante ? C’est exact… mais chaque chose en son temps…

FIN.

Publicité
Publicité
Commentaires
T
J'étais un fan de Picsou, enfant !
Répondre
C
Madame la joie...mdr ! Je retiens l'idée, je sens qu'elle va resservir !<br /> Sinon, je comprends l'engouement de M. Riton pour les archives; j'ai découvert tout un monde en allant il y a peu et pour la première fois aux archives départementales d'Avignon dont le site (le Palais des Papes) vaut à lui seul le spectacle (même que le monsieur de l'accueil est très gentil LUI...)
Répondre
Riton Lacapuche, Historien moderne !
  • Riton Lacapuche, enseignant-chercheur réputé dans le monde entier, n’a pas son pareil pour résoudre un mystère ! Super-héros intellectuel, souvent incompris mais efficace dans l’action, il sait aussi travailler de temps en temps !
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité