Les toiles mystérieuses (1/3)
« Nous sommes les montaxieeens ! Et on a peur de
rieeen ! Alleeez Montaxyyy ! Alleez Montaxyyy ! ». Telles étaient les
paroles chantées par le gai public du stade Elton John de Montaxy, ce
soir-là. L’équipe de la ville était classée en cinquième division, où
elle visait difficilement le maintien. Mais cette fois-ci, elle avait
l’occasion de briller devant les journalistes de tout le pays. Les
montaxiens étaient engagés en coupe de France, et recevaient une grande
équipe de première division. Ils avaient une chance sur un million de
l’emporter mais la ferveur populaire était bien là. J’en aurais presque
fait voler ma moumoute de la même manière que les supporters voisins
agitaient leurs écharpes colorées.
Etant vous le savez un grand
passionné du ballon rond, je m’étais rendu à Montaxy pour soutenir les
protégés de mon ami Jean-Guy*.
Alors que les montaxiens
résistaient mieux que prévu au rythme de jeu imposé par les
professionnels, un fait de jeu marquant donna lieu à des effusions de
joie dans le stade. Un centre anodin de Joseph Préchard, numéro 10
montaxien et artiste peintre de son état, fut mal repoussé par Bernard
Barcoupé, qui était pourtant un gardien international. Le ballon arriva
dans les pieds de Gilles Tripoli qui le mit dans les filets. 1-0 pour
Montaxy ! A 10 minutes du terme de la rencontre. Le stade explosait et
se mettait à croire à l’exploit !
Les dernières minutes du match
furent exaltantes. L’équipe de première division se rua à l’assaut des
buts montaxiens, gardés par Lionel Charborevault. Ils voulaient éviter
de subir les quolibets d’une défaite chez des amateurs.
Comme
souvent en football, le dernier contre montaxien fut fatal ! Le ballon
arriva dans les pieds de Joseph Préchard. Celui-ci cadra sa frappe des
20 mètres, mais elle manqua de puissance… pourtant, à la stupeur
générale, Bernard Barcoupé qui avait à négocier une balle facile, se
troua complètement et laissa entrer la balle dans son but ! Ce fut
l’émeute ! L’arbitre sifflait la fin du match sur cette action, et
Montaxy réalisait la sensation des huitièmes de finale !
« On est
en quarts, On est en quarts ! » chantait le public. « On est dans le
car, on est dans le car ! », chantaient les supporters adverses qui
avaient perdu la raison après cette terrible désillusion.
Le
lendemain, les grands quotidiens relataient ce match historique sans
omettre d’aborder les deux terribles bourdes de Bernard Barcoupé,
inhabituelles chez un gardien de cet acabit…
Mais l’actualité
était également marquée par un vol spectaculaire au musée d’art
contemporain de Brassigny-les-Mirettes, une petite ville proche de
Montaxy. Plusieurs tableaux d’une valeur inestimable avaient été
dérobés par d’habiles malfaiteurs…
C’est la mine déconfite
devant des tartines de confiture, que j’appris cette nouvelle. Je
prenais mon petit-déjeuner chez Jean-Guy, en feuilletant la gazette
locale.
J’avais dormi chez lui… enfin façon de parler ! Nous avions
festoyé toute la nuit pour fêter la victoire improbable. Pour cette
raison nous n’étions pas aussi frais que des igloos polaires, et
j’avais mal aux cheveux factices…
Vacances universitaires
obligent, j’avais pris quelques jours de congés. Et comme il y avait
fort longtemps que je n’avais pas résolu de terribles enquêtes, je
décidai, pressé par Jean-Guy, de m’investir dans la recherche des
malfrats. Cette fois-ci, je n’avais pas oublié d’amener ma voiture (en la faisant remorquer par une dépanneuse car je rappelle que je n'ai pas de permis),
cela allait déjà nous éviter de vivre des mésaventures avec Bouloche,
l’âne du père Firmin**.
J’allais prendre les choses en main, me lancer à bras le corps dans la résolution de l’affaire, en véritable tête que j’étais…
A suivre…
*Voir On a marché sur Hubert
**Idem