Les toiles mystérieuses (2/3)
Jean-Guy et moi réfléchissions à l’exploration
de pistes. Seulement, à l’heure de la sieste, nous prîmes un aller
simple pour le royaume des rêves. La nuit avait été dure.
C’est donc à 18h15 que les frêles enquêteurs que nous étions, et que nous sommes toujours, se mirent à réfléchir réellement.
Après
trois heures de réflexion intense, nous décidâmes de nous rendre à
Brassigny-les-Mirettes dès le lendemain matin, si on arrivait à se
lever.
Le lendemain après-midi, nous partions vers le musée.
C’est Jean-Guy, qui avait son permis depuis longtemps mais pas de
voiture, qui conduisait. Le temps était calamiteux et nous étions en
proie à une pluie battante. Par précaution, nous parcourûmes les
quarante kilomètres qui nous séparaient de notre objectif à la vitesse
de dix kilomètres à l’heure. Je ne suis plus certain car je somnolais à
moitié, mais je crois me souvenir avoir vu un tracteur nous doubler,
ainsi qu’une motocyclette. Le nombre de dangers publics qui circulent
sur nos routes est impressionnant !
Nous arrivâmes à la tombée
de la nuit. Alors que nous pénétrions dans l’enceinte du musée, nous
fûmes jeter dehors par le gardien qui fermait. Nous protestâmes
violemment en disant qu’on venait pour aider à retrouver les
cambrioleurs. En guise de réponse, il nous répondit : « La prochaine
fois, messieurs les fins limiers, venez aux heures d’ouverture ! ».
Nous n’étions guère joyeux de nous faire repousser, de surcroît par cet olibrius moqueur au bas métier.
Un
bon repas mit fin à notre chagrin. La choucroute aux asperges, marinée
dans de l’huile de noix du Languedoc, s’avéra divine. Avec ce plat et
notre mésaventure, nous faisions doublement chou blanc. Ce bon mot est
à mettre à l’actif de Jean-Guy, qui n’est pas le dernier pour la
rigolade.
Le retour se fit sans souci. La pluie avait cessé,
nous pûmes donc approcher les soixante kilomètres à l’heure en rase
campagne. Une fois arrivée, nous nous rendîmes compte que Jean-Guy, peu
habitué à la conduite nocturne, avait roulé tout le voyage en phares.
Nous comprîmes alors pourquoi nous avions reçu tant d’appels lumineux…
nous croyions sur le coup qu’on cherchait à nous prévenir d’un contrôle
de police de route.
Nous allâmes directement nous coucher,
éreintés par cette journée mouvementée. La chambre d’ami étant
provisoirement encombrée, Jean-Guy avait été contraint de m’accueillir
dans son clic-clac deux places. Bien que robuste et quelque peu
vétuste, il fut un bon compagnon de nuitée. Je parle bien sûr du
clic-clac.
En pleine nuit, Jean-Guy hurla à la mort, tel un loup
qu’on aurait brûlé vif ! J’ouvrai alors soudainement les yeux, surpris
par ce cri d’effroi. Je découvrais mon Jean-Guy, encore sous le coup
d’une violente émotion. Quelques gouttes de sueur s’échappaient de son
crâne, je les percevais par le biais de la lampe allumée. Je croyais
qu’il avait fait un cauchemar, mais il n’en était rien. Il avait
simplement voulu se lever, pour combler une soif légitime. Pour cela il
avait allumé la lumière, et m’avait soudain vu… la bouche ouverte, sans
mes cheveux. J’avais en effet enlevé ma moumoute une fois la lumière
éteinte, et c’était la première fois que Jean-Guy me voyait « nu-tête
», si j’ose dire.
Cet incident passé, nous nous rendormîmes
sereinement. Avant de me remettre à ronfler, je pensai néanmoins que
l’enquête n’avait guère avancée. Il allait falloir hâter le pas…
A suivre…