Les Autochtones de Cacataba (5/6)
"Oh ! Vous aussi vous avez des tortillas d’esturgeons au piment ? Mais
c’est fantastique ! annonçai-je en sautillant, avant de m’asseoir
poliment sur la banquette de table.
-Oui, Monsieur ! répondit le
chef. Nous vivons isolés dans la forêt mais nous avons depuis longtemps
adopté les mœurs alimentaires de la région de Cacataba.
-Fort bien
mon ami, fort bien. Et ça qu’est-ce que c’est ? continuai-je en
désignant d’autres toasts que j’imaginais exotiques.
-Des tartines de
Nutella, Monsieur ! Notre dernier voyageur en France nous en a ramené
15 pots. Nous en sommes friands, c’est goûtu.
-Je vois, dis-je, le
mélange des genres vaut aussi pour l’alimentation chez vous. Mais
appelez-moi Riton, voulez-vous ?
-Bien, Monsieur.
-Non, Riton j’ai
dit... Monsieur est bien trop...
-Hum hum, interrompit Miguel. Vos
remarques gastronomiques et autres boniments sont bien gentils mais je
te rappelle, Riton, que nous ne sommes pas venus que pour ça !
-Je le
sais bien, répondis-je, agacé. Mais laisse-nous le temps de faire
connaissance...
-Greumelelelele (Protestation de Miguel alors qu’il
entamait vigoureusement une nouvelle tortilla d’esturgeon)"
Au
grand dam de Miguel, nous parlâmes encore pendant une bonne demi-heure
de la nourriture locale et des décors du village qui, tels une
imprimante en état de marche, m’avaient fait bonne impression.
Ce
dernier était tout rouge, se mordait les lèvres et tapait du pied par
terre quand soudain, nous en vînmes à parler de l’eau merveilleuse
mentionnée par Gilberto Venezuela. Sa mauvaise humeur laissa place à une
curiosité bien visible.
"Effectivement, dit le chef, nous sommes
les fervents gardiens de cette eau merveilleuse ou miraculeuse, comme
vous voulez, depuis des millénaires. Elle est d’une pureté
exceptionnelle, grâce à une statuette sacrée de nos ancêtres. La légende
veut qu’elle jaillisse depuis la nuit des temps (l’eau, pas la
statuette), et c’est un bien précieux (la statuette, pas l’eau) que nous
gardons avec une infime précaution. Gilberto Lama, votre grand-père si
je ne m’abuse, Monsieur, dit-il en dévisageant Miguel, avait pu
apprécier les vertus de notre eau. Sachez par exemple, qu’elle
désinfecte tous nos pyjamas sans que nous ayons besoin d’y ajouter de
savon. Mais ceci est secondaire... L’eau merveilleuse est surtout très
bénéfique aux cultures et à notre propre santé, d’ailleurs nous avons
une espérance de vie au-dessus de la moyenne !
-C’est incroyable !
lançai-je, médusé.
-En effet, mais c’est pourtant bien vrai.
D’ailleurs, assez parlé. Suivez-moi ! Vous allez y goûter..."
Et
le chef des autochtones de Cacabata nous emmena tous deux, Miguel et
moi, jusque dans une grotte au fond de laquelle jaillissait cette
fameuse eau. L’instant était solennel...
A suivre...