Le trésor de Riton le Rouge (2/3)
Camarade Riton,
J’espère que tu vas
bien. Moi ça va ! Je t’envoie comme promis de mes nouvelles d’URSS. Le
climat de guerre froide qui règne en ce moment avec les Amerloques me
gèle un peu le moral, mais on s’y fait ! Le temps, quant à lui, glacial
en ce moment, a tendance à me geler autre chose.
Mes deux enfants,
Igor et Grichka, sont en pleine forme ! Ils aimeraient bien te
rencontrer, surtout depuis que je leur ai dit que tu avais une moumoute
! Ma femme va bien aussi. Elle fait toujours de ces merveilleux
couscous à la vodka dont tu raffolais lorsque nous étions en
France !
Sinon, tu m’as fait une demande dans ta précédente
lettre. Sache que je l’ai bien enregistrée et que je m’occupe de
t’envoyer ça ! Il me faut juste un peu de temps pour en retrouver, et
je t’adresse un colis ! Ce sera en souvenir du bon vieux temps ! Et
puis ça agrémentera ta collection de nouvelles pièces de choix !
En
échange, pourras-tu me faire parvenir une caisse de ces si bons vins
français ? Parce que bon, la vodka c’est sympathique mais ça va bien
cinq minutes ! J’aimerais varier un peu mes plaisirs buccaux et je
sais que ton pays regorge de bonnes choses.
D’ailleurs, si tu peux
joindre une choucroute garnie d’Alsace ou un cassoulet du Sud-ouest au
colis, voire les deux, n’hésite pas !
Voilà camarade Riton !
C’est tout ce que j’ai de bien neuf à te raconter. De toutes façons tu
auras de mes nouvelles très vite avec le colis.
En attendant, j’attends des tiennes avec impatience !
A très bientôt !
Ievgeni.
J’étais
abasourdi ! Grand tonton Riton avait un ami en URSS ! Sans doute un
vieux camarade rencontré dans l’entre-deux-guerres. Mais ce n’était pas
le seul enseignement que je tirais de cette lettre !
D’une part,
nous avions le point commun du bon goût ! Un couscous à la vodka, voilà
qui devait être exquis ! Rien que pour lui chaparder la recette qu’il
avait dû noter, j’aurais aimé le rencontrer. Je ris également de bon
coeur en découvrant que grand tonton avait eu une moumoute ! Ces
accessoires ridicules qui vous enlaidissent atrocement et vous rendent
ridicules m’amusaient drôlement. Ce que je ne savais pas bien sûr,
c’est qu’ils m’amuseraient moins quelques années plus tard.
Autre
chose, moins amusante par ailleurs, c’est que le pauvre Ievgeni
n’aurait jamais de nouvelles de mon oncle. Je m’imaginais déjà le
drame. Ievgeni s’imaginant le pire et ayant raison sans le savoir. Quel
déchirement cela allait être pour lui de ne plus avoir de nouvelles de
son vieil ami ! Pis que cela, le vin, la choucroute et le cassoulet
allaient lui échapper… et ça, chers lecteurs, c’était la goutte d’eau
qui faisait déborder le vase de la catastrophe !
Après ces
quelques détails qui me touchaient émotionnellement venait quand même
un mystère passionnant ! Quel était donc l’objet si cher à tonton qui
devait arriver dans les prochains jours ? Il me fallait à tout prix
surveiller les prochaines arrivées du courrier. Heureusement la chance
était avec moi car j’allais encore besogner deux semaines sur la même
tournée…
A suivre...