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Riton Lacapuche, Historien moderne !
14 octobre 2009

Les taxes Hirouge

Que les malandrins qui croyaient que j’étais en vacances s’auto-flagellent avec des orties campagnardes ! La raison de ma longue absence est en réalité due à la rentrée universitaire, qui offre son lot de difficultés insurmontables si l’on ne prend pas le temps nécessaire pour les résoudre.
Outre les préparations de cours – j’en ai prévu un de toute beauté sur le rôle du chiendent dans la culture occidentale – et les problèmes administratifs à s’arracher les cheveux - ou pour moi à se décoller la moumoute – j’ai été sollicité à plusieurs reprises par ma hiérarchie afin de donner mon avis sur différentes questions.

La dernière sollicitation en date, qui est l’objet de mon intervention du jour, fut celle de celui qu’on appelle le doyen du département d’Histoire, en raison de son âge avancé d’abord, mais aussi et surtout parce qu’il est le directeur de l’unité de formation et de recherche (UFR), et donc qu’il ne faut pas rigoler avec lui sinon pan-pan fesses-fesses. Enfin, ceci était surtout vrai il y a quelques années car depuis quelques temps, il perd un peu la tête.
Toujours est-il que, fort de son autorité et de son prestige, Fernand Hirouge, c’est son nom, abordât avec confiance son dernier entretien avec moi. Il voulait me présenter sa dernière idée de réforme, une parmi tant d’autres que nous appelons entre collègues les taxes Hirouge, car nous trouvons cela drôle. Oui, nous nous contentons parfois de peu.

Croyant qu’il faisait appel à moi pour mon expérience et mon génie connu de tous, je dus rapidement déchanter, ce qui est évidemment une image étant donné que je ne chante jamais en sa présence, et je chante d’ailleurs très peu, même quand je suis seul. Mais je m’égare d’Austerlitz.
S’il m’avait convoqué dans son bureau, c’est parce que sa dernière idée me concernait de près. En effet, sa dernière lubie était d’interdire tout accessoire de beauté dans l’enceinte de l’université, et ce disait-il pour « appliquer la transparence du monde politique au monde universitaire ». En d’autres termes, il voulait que tout le monde assume sa personnalité, y compris son physique. Finis le rouge à lèvre pour les enseignantes, les lentilles pour les myopes, et a fortiori la moumoute pour Riton. Telles étaient entre autres ses volontés. Les réfractaires au règlement se verraient obligés de payer une taxe de cinq euros par jour, plus un paquet de gâteau pour son goûter de seize heures.

Vous comprendrez alors mon indignation à l’idée de me promener nu-tête dans les couloirs, ou d’acheter des petits Lu à un grand-père. Sous le coup de la colère, je me mis à lui dire qu’il était totalement à côté de la plaque, que sa décision était despotique et qu’il se permettait ça parce qu’il était laid comme un poux, qu’il n’avait plus un poil sur le caillou, et qu’il n’était du coup pas choux du tout.
Il se mit alors en boule, tel Sonic le hérisson, que je ne connais pas mais que mes étudiants ont en mémoire, et il m’expliqua que ce retour au naturel, en vogue avec le mouvement écologiste actuel, était nécessaire pour une bonne image de l’université. Je compris alors qu’il était complètement décati et gaga, telle Lady, que je ne connais pas mais que mes étudiants n’arrêtent pas d’écouter.
Je décidai alors de mettre un terme à notre discussion, en sachant de toute manière que son idée ne serait jamais acceptée par les membres du conseil d‘administration de l’université, que je ne connais pas, et mes étudiants non plus.
Pour bien terminer, je décidai de lui envoyer cette merveilleuse réplique dans les oreilles, sans passer par la Poste : « Vous me comparez à une cruche ayant besoin de s’immerger, et vous faîtes bien car tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse ! ». Et je partis, le laissant bouche-bée dans ses babouches.

Je viens d’apprendre que suite à cette proposition, le doyen a été envoyé en maison de retraite. Giscard, Balladur et Jacques Balutin vont en baver, ayons une pensée pour eux.
 
FIN.

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Commentaires
B
Je ne comprends pas que vous mettiez sur un même plan d'empathie les trois personnages cités dans votre post. Les bras m'en tombent comme dirais la Venus de Milo
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Riton Lacapuche, Historien moderne !
  • Riton Lacapuche, enseignant-chercheur réputé dans le monde entier, n’a pas son pareil pour résoudre un mystère ! Super-héros intellectuel, souvent incompris mais efficace dans l’action, il sait aussi travailler de temps en temps !
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