Vol 714 pour Las Vegas (1/3)
Cette histoire n’a rien d’historique car elle
est toute récente. Au pire elle appartient à l’histoire du temps
présent. Je suis tellement heureux que je m’empresse de prendre la
plume pour vous impressionner ! Je ne suis pas peu fier il faut le dire
!
J’ai embarqué pour Les Prairies il y a de cela une douzaine de
jours, non pour acheter une douzaine d’œufs, ni pour garder une
douzaine de bœufs, car le nom est trompeur.
Les Prairies ! Cité
grandiose, éblouissante, mais cité symbole, symbole de la débauche et
de la folie humaine ! « Pourquoi donc ? », me demanderont les êtres aux
capacités intellectuelles réduites. A cause du jeu, pardi ! Pas le
jeopardy, non. Les jeux de hasard, les jeux de cartes, les machines à
sous, et autres fantaisies inconscientes qui traînent dans moult
casinos locaux.
Vous comprendrez donc que je ne me suis pas rendu
là-bas pour m’abaisser à ces pitreries financièrement dangereuses,
autant voire plus qu’un trader fourbe.
Mais pourquoi y aller alors ?
Je vous dois la vérité, et c’est là que mon ego commencerait à avoir
mal aux chevilles, s’il en avait.
Il y a quinze jours, coup de
téléphone chez Riton Lacapuche. Riton, c’est-à-dire moi-même, pour les
trois ou quatre qui ne suivent pas, répondit vaillamment. Voici un
extrait de la conversation :
-Allo, oui ?
-Allo, Riton ? C’est moi, ton chef bien aimé !
-Grand
dieu, toi ? Comment est-ce possible ? Tu as pris une minute sur ton
emploi du temps pour m’appeler ? Diantre, je me demande bien pourquoi.
-J’v’ais
t’expliquer, Monsieur Lacapuche. Ecoute bien ce que je vais te dire !
J’ai trouvé l’âme sœur en voyage, et comme on est à Las Vegas, on va se
marier directos. T’es invité à la p’tite réception discrète qu’on fera
juste après !
-Oh mais c’est merveilleux ! Toutes mes félicitations !
-Ouais ben monte dans l’avion, fais le voyage, et descend le dire en face !
C’était
un ami de longue date, un ami que vous pouvez éventuellement connaître
si vous lisez les journaux, si vous allumez votre téléviseur, si vous
écoutez votre transistor, ou si vous sortez dans la rue. Je ne m’en
étais jamais vanté car je ne voulais pas vous ridiculiser de par mes
connaissances trop huppées. Je ne vous dirai pas où je l’ai rencontré,
ce serait un indice trop grand, mais une chose est sûre, c’est que ce
n’est pas à la faculté !
Il avait beau être très demandé, il avait pensé à moi, son ami fidèle, pour son mariage. J’étais comblé.
Le
soir même, je faisais ma valise à la hâte. Un avion privé, prêté au
marié par une connaissance du monde des affaires, me conduirait dès le
lendemain à la réception, là-bas, aux Amériques.
J’allais pouvoir
revoir les Amériques. Je me remémorai du coup ma première rencontre
avec le pays des cow-boys, mon épopée publicitaire, mon exploit
policier et autres évènements extraordinaires. Mais on dirait un
procédé vulgaire pour vous inciter à relire ou découvrir cet épisode
(disponible ici), donc stoppons-le.
A 4 heures du matin,
j’étais dans un état second dû à l’heure, mais je le vis arriver de
loin, le vol 714. Ses lumières m’éblouirent les yeux et l’engin se posa
tant bien que mal dans le petit parc tout proche de mon domicile
parisien.
Tel un espion, je m’envolais en toute discrétion vers un
autre continent… j’appris plus tard qu’une prostituée errante avait été
percutée par l’avion à son envolée. Dieu ait son âme, et au diable la
discrétion !
A suivre...